LIDL BELGIUM GmbH & Co. KG a soumis une demande de permis de construction d’un ensemble commercial de 2.109 m² nets composé d’une animalerie (779 m² nets), d’un magasin LIDL (1.330 m² nets), de 6 logements et d’un parking (projet de catégorie C) sur un terrain sis rue Colonel Montegnie à 1332 Rixensart, paraissant cadastré 2e division section C parcelle 272.

Les détails du dossier sont téléchargeables en suivant ce lien : Dossier PI LIDL rue Montegnie.

Un avis d’enquête publique a été diffusé et l’enquête est ouverte du 13 au 27 mai prochain.

Nous accordons la plus grande vigilance à ce projet d’aménagement d’une grande surface et de ses infrastructures adjacentes en bordure de Rixensart, qui pourrait porter préjudice à notre biodiversité ainsi qu’au développement du commerce local.

Pour connaître tous les éléments de ce projet, tant sur le plan environnemental que sur la nature précise de chacune des exploitations commerciales visées et de ses enjeux, nous avons dès lors consulté plus en détail ce projet, dans le cadre de l’enquête publique.

Après analyse, ce projet ne nous paraît pas acceptable pour les raisons suivantes :

  1. Il n’est pas conforme au Schéma de développement communal (SDC) de Rixensart car situé en dehors de la zone d’activité économique de la Mazerine. Il se situe en revanche en zone de « quartier résidentiel » où la priorité doit être donnée à la résidence et où d’autres fonctions, telles le commerce, ne peuvent y être tolérées qu’à la condition que leur importance soit « très limitée », ce qui n’est manifestement pas le cas ici. Accepter une telle implantation à cet endroit constituerait une entorse injustifiée à notre Schéma de développement communal.
  2. Il n’est pas conforme aux recommandations du Guide communal d’urbanisme de Rixensart (ci-après « GCU ») pour la sous-aire 1/41. Celles-ci indiquent, comme option fondamentale pour cette sous-aire, d’en « renforcer le caractère résidentiel et ouvert ». En implantant deux bâtiments commerciaux de plus 4000 m² au sol, doublés de voiries et de 140 places de parking, sur une parcelle de 9.200 m², le caractère résidentiel n’est manifestement pas respecté. L’ajout de 6 logements ne permet aucunement de contrebalancer cette difficulté et dès lors de répondre à ce caractère résidentiel.
  3. Le taux d’occupation de la parcelle est également problématique : pour des parcelles de plus de 300 m², le GCU recommande de ne pas dépasser 30%. Or, on dépasse ici largement ce maximum.
  4. Avec un tel taux d’occupation, il convient de parler d’une artificialisation considérable d’une parcelle à ce jour non-construite. Ce développement extensif du bâti s’oppose à l’objectif de réduction et de préservation des espaces non-bâtis figurant dans le projet de Schéma de développement régional, ainsi que dans la déclaration de politique communale.
  5. De plus, il s’agit d’une parcelle en zone inondable (aléa faible) qui joue actuellement un rôle d’absorption lors de fortes précipitations. Ce rôle préventif d’inondation (souligné par l’étude hydrographique) va incontestablement être perturbé par le projet, malgré toutes les mesures « réparatrices » prévues (les trop-pleins des bassins d’orages et noues prévues seront déversés soit dans les égouts publics, soit dans la Mazerine). Nous remarquons que l’étude hydrographique jointe au dossier considère elle-même ses conclusions comme « approximatives »…
  6. La parcelle comporte actuellement 226 arbres et une zone marécageuse propice à la présence d’une végétation ouverte qui se raréfie en nos régions. La disparition de ces milieux ne sera que partiellement et imparfaitement compensée par la création des « îlots écologiques de qualité » prévus dans le projet. La perte de biodiversité est indéniable.
  7. La parcelle est en zone de protection paysagère selon notre GCU. Ce statut signifie bien la protection du paysage existant. Un nouvel aménagement paysager suite à sa destruction ne peut, conformément à une jurisprudence du Conseil d’Etat, répondre à cette exigence de protection du paysage existant.
  8. L’étude de mobilité jointe au dossier montre clairement l’impact négatif du projet sur la circulation et la nécessité, pour tenter d’y remédier, d’aménager un giratoire, des feux supplémentaires et d’élargir la rue Colonel Montegnie. Ces éléments sont simplement évoqués. Les auteurs du projet semble dès lors reporter la responsabilité des solutions à trouver sur les autorités publiques. Un tel projet ne peut être autorisé en l’absence d’un plan global d’aménagement et de mesures relatifs à la mobilité finalisé, validé et financé.  En tout état de cause, le projet engendrerait une pression considérable sur une mobilité déjà à la peine dans ce quartier et les quartiers avoisinants.
  9. Les justifications apportées dans le dossier au regard des critères du décret sur les implantations commerciales sont sujettes à caution. C’est ainsi que le critère « mobilité » est censé être rencontré par « une mobilité durable » et « une accessibilité sans charge spécifique pour la collectivité » . La protection de l’environnement urbain est censée être vérifiée par « l’absence de rupture d’équilibre entre les différentes fonctions urbaines ». Le fait de se situer dans une zone résidentielle, juste en dehors d’une zone d’activités économiques, entre pourtant bel et bien en rupture avec le Schéma de développement communal de Rixensart. La protection du consommateur serait, de son côté, assurée par le projet vu « la sous-offre en matière d’achats alimentaires » pour la commune de La Hulpe. Cette justification parait vraiment très partielle, la mixité et le volume de l’offre commerciale devant s’apprécier bien plus au niveau de l’agglomération La Hulpe-Rixensart, pour laquelle il semble fortement exagéré, voire erroné, de parler de « sous-offre » commerciale.

Au vu de ses éléments, ce projet nous semble contenir de trop nombreuses dérogations qui sont injustifiées ou justifiées sur base d’affirmations contestables.

En conclusion, nous sommes défavorables à ce projet car nous estimons qu’il porterait préjudice à la préservation de nos espaces verts et aux nombreux commerces préexistants, qu’il ne s’inscrit pas dans un développement durable, tant pour la préservation des espaces naturels que pour la mobilité. Ce projet ne s’inscrit pas non plus dans un développement commercial équilibré pour la zone Rixensart-La Hulpe.

Annexes: